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Raphaël

 

 

Fanny nous l’avons tous perdue. Que ce soit une connaissance, une amie de fac ou une vraie sœur, nous aimions tous croiser cette petite blonde souvent très énergique, pas toujours de bonne humeur mais toujours avec le caractère entier d’une personne très forte. Elle était passionnée, et son intérêt allait d’Oscar Wilde aux Arctic Monkeys, des antiquités qu’elle étudiait toujours avec détachement et humour aux chaussures qui constituaient pour elle une véritable addiction… Elle aimait profondément la vie: jamais solitaire, elle aimait être entourée, et son esprit vif avait toujours le bon mot, la bonne attitude pour égayer la vie de chacun d’entre nous, que ce soit à la bibliothèque, aux jardins du Luxembourg, ou au lever du soleil après une longue soirée comme elle aimait en passer. Fanny était sure d’elle, excessive parfois, et souvent imprévisible, ca lui ressemble bien au fond de partir comme ça, sans dire au revoir.

Nous avons été si complices tous les deux... Nous aimions plaisanter et ironiser sur les gens autour de nous, boire des verres de martini en discutant du «petit bonhomme à cheval» ou des «pots de fleurs», sujets de tes devoirs d’archéologie… Nous aimions nous disputer: tu me voyais comme «un enfant, toujours en 2ème année, petit teigneux obsédé par sa musique»; j’aimais te rappeler que tu étais «un bébé qui n’arrête pas de se plaindre, et dont les pieds ne touchent pas le sol en amphi». Puis tu t’en es allée, vraiment trop tôt, me laissant seul avec un vide immense. Alors comme le dit Woody Allen, que l’on aimait tous les deux, «si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse».


A tous ceux qui ont connu Fanny, de quelque manière que ce soit, nous avons un devoir auquel nous ne pouvons nous soustraire: souvenez-vous de Fanny, gardez une image d’elle, en l’habillant de sa plus belle robe et de ses plus belles chaussures (le choix est large, vous avez de la chance…), et ne l’oubliez jamais, car elle aurait fait une bonne mère et une belle grand-mère. Fanny était exceptionnelle.

Raphaël Colins